lunes, 26 de julio de 2010
ALBERTO CONTADOR: CHAMPION DU TOUR DE FRANCE 2010
Contador, un Maillot jaune en mal de popularité
L'Espagnol a du mal à exister face au souriant Schleck et à l'ogre médiatique Armstrong.
Comme Rafael Nadal longtemps observé avec méfiance, distance, défiance, Alberto Contador enrichit son palmarès avec méthode sans déclencher l'enthousiasme. Difficile, ce dimanche, de se ménager une place à côté de Lance Armstrong, l'ogre médiatique. Délicat cette année encore d'exister face à Andy Schleck, star montante, sourire toujours pendu aux lèvres, polyglotte séducteur, généreux dans l'effort comme après la course.
Pourtant Alberto Contador gagne à être connu. Christian Prudhomme, le directeur du Tour, salue: «Sa force mentale, ses qualités de grimpeur. Sa fluidité et sa souplesse sont telles qu'on le reconnaît dès qu'il se met en danseuse. On peut mettre le même maillot aux 198 coureurs, et sans visage, le seul qu'on reconnaisse instantanément en danseuse c'est lui. En plus, il respecte le calendrier. Ça aussi, ça me plaît.»
Et si sa course millimétrée tout au long des 3642 kilomètres peine à se frayer un chemin dans les cœurs, elle aurait ravi Jacques Anquetil par sa maîtrise, son sang-froid en toutes circonstances. Elle porte le sceau du froid réalisme de la maturité. Dans un sourire, Alberto Contador glisse: «L'objectif fondamental était de gagner. Il fallait savoir rester concentré.» Aux critiques qui le touchent et accompagnent cette absence de panache (l'Espagnol devient le sixième vainqueur de l'après-guerre à ne pas remporter la moindre victoire d'étape, après Walkowiak en 1956, Nencini en 1960, Aimar en 1966, LeMond en 1990 et Pereiro en 2006), le lauréat du 97e Tour tranche: «Je n'étais pas au même niveau que l'an dernier.»
Son rayonnement souffre surtout d'événements parasites pour ceux qui aiment fouiller les débris. Son nom figurait en 2006 dans une liste de coureurs suspectés d'avoir trempé dans l'affaire Puerto (vaste scandale de dopage sanguin), avant d'être blanchi par la justice. En 2007, il triomphe après la fuite du sulfureux Danois Michael Rassmussen, Maillot jaune (limogé par son équipe et mis hors course) dans la nuit paloise. En 2008, Astana récusée par les organisateurs du Tour, l'Espagnol reste bloqué à la porte de la Grande Boucle. En 2009, ses démêlés intestins avec l'envahissant Armstrong et ses performances en montagne alimentent la chronique, nourrissent les rumeurs et les fantasmes. L'enfant de Pinto gagne ses galons, montre que derrière des traits poupins se cachent une volonté de fer, une détermination d'airain. En 2010, le rayonnement, la générosité, l'éclat d'Andy Schleck emportent les vivats, l'abandonnent dans de sales draps quand emporté par son instinct il roule sur son équipier Vinokourov (vers Mende, 12e étape), avant de contrer le Luxembourgeois victime d'un saut de chaîne dans l'ascension du Port de Balès (15e étape). Impatience et impuissance. Face au feu nourri des critiques, l'Espagnol psalmodie des remords, offre la victoire de prestige au sommet du Tourmalet à son rival, défend l'essentiel sous une couche de vernis en espérant recueillir l'accessoire, la reconnaissance.
Le treizième succès espagnol
Une popularité croquée de l'autre côté des Pyrénées au cœur d'un fol été espagnol. Pedro Delgado, vainqueur du Tour en 1986, savoure: «Heureuse Espagne. Nous avons les champions du monde de football, Rafael Nadal, les motards Lorenzo et Pedrosa, en tête du championnat du monde de MotoGP, Fernando Alonso, Pau Gasol (double champion NBA avec les Los Angeles Lakers). Et Alberto. Sa force? Sa motivation. Elle grimpe avec les difficultés. Plus cela s'avère difficile, plus il est là. Il répond toujours présent.» Pour offrir un treizième Tour à l'Espagne (après Bahamontes en 1959, Ocana 1973, Delgado 1988, Indurain de 1991 à 1995, Pereiro 2006, Sastre en 2008, avant le triplé du coureur d'Astana). Alberto Contador, assis à deux marches de la légende ibérique Indurain, avec parfois l'obscurité comme couverture. À quatre étapes d'Armstrong. Au sommet du Tourmalet, Contador avouait: «Faire ce qu'a réussi Lance ne me passe même pas par la tête. Je vais avancer année après année, on verra en fin de carrière…» À Pauillac, luisait, dans le reflet de ses yeux mouillés le vertige d'un succès puisé au fond de ses réserves. Une émotion applaudie…
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